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Élisabeth Coudol

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La Marmotière éditions et toi

- Comment vos chemins se sont-ils croisés ?

Par un heureux hasard… comme en réserve Instagram qui, il faut le rappeler, est une mine de jolies découvertes, je suis tombée en arrêt sur la page de la Marmotière. De la page insta - graphiquement très réussie et passionnante à visiter - j’ai donc aussitôt filé sur le site… pour enfin conclure : « J’aimerais beaucoup faire quelque chose avec eux ! » Sans tarder j’ai proposé un texte, et, joie… j’ai rencontré Camille et Raphaëlle dans la foulée.

- En quelques mots, où as-tu puisé ton inspiration pour la collection Tic-tac c'est l'heure ?

À ma façon, en écrivant pour les tout-petits, je milite pour mettre des livres entre les mains des enfants le plus tôt possible. L’écrit au sens large, les mots, le langage… c’est le socle de notre humanité. Pour faire bref, je suis persuadée que réveiller le goût des mots, donc de la communication, est le meilleur moyen de faire de nous des citoyens éclairés, ouverts à la discussion, au sens critique et à la différence. Pour capter l’attention des tout-petits, je m’attache à parler d’un univers qu’ils connaissent bien, le leur, mais sous un angle inhabituel pour eux, en mêlant humour et poésie, le tout rythmé par une forme de musicalité. Qu’ils se disent, tiens, c’est drôlement agréable, quel bon moment j’ai passé. Mon inspiration vient de là je crois, ce qui est resté en filigrane dans ma mémoire, toutes ces comptines, chansonnettes et poésies apprises quand j’étais enfant et qui continuent de résonner. 

Les livres et toi

- Quel est ton livre préféré ?

Mystère ! Grande lectrice, je compte d’innombrables coups de cœur et je ne sais pas en retenir un plutôt qu’un autre. Si je remonte dans le temps, je peux affirmer que j’ai adoré mes premiers livres (d’abord en lectures accompagnées par ma mère) issus de la collection Un petit livre d’argent édités aux Deux Coqs d’Or, certains écrits et/ou illustrés par Richard Scarry. D’ailleurs, je les ai encore. Et, bien qu’ils ne soient pas des textes ultra courts type cartonnés mais déjà un peu élaborés, je crois que je les connaissais presque par cœur, notamment Pouce Poussin et Jeannot Lapin. Là encore, ces livres forment sûrement le socle et l’origine de mon addiction pour les mots autant que pour l’image. Je pouvais rester des heures à scruter les détails des illustrations, fascinée. Tout ça ne s’est pas arrangé par la suite quand j’ai reçu des albums plus touffus, les contes russes richement illustrés, le Livre de la jungle, Tom Sawyer, Huckleberry Finn, l’Île au trésor… Et puis je fais partie de cette génération qui a bénéficié de ce que l’on appelait la distribution des « prix » à l’école, les élèves méritants (oui, je sais, c’est discutable) recevaient des livres en cadeaux. J’en ai reçu quelques-uns et je crois que ça a été le début de l’escalade… Mon premier argent de poche je l’ai dépensé à la presse-tabac du quartier qui accueillait un petit coin librairie. Aujourd’hui, c’est l’escalade… J’achète beaucoup et je partage mes coups de cœur sur Instagram.

- À ton avis, quels sont les ingrédients indispensables pour qu’un livre séduise tant les enfants que leurs parents ?

Une narration… musicale ! J’y reviens toujours. Je veux dire par là que c’est le phrasé qui compte le plus pour moi, la langue avant même l’histoire. D’ailleurs toutes les histoires ont déjà été racontées, à quelques détails près… Ce qui fait la différence, c’est le choix des mots, le ton, le déroulé qui sait sortir du sujet-verbe-complément, une construction atypique, rythmique, une sonorité qui va titiller l’oreille, une image poétique qui fait rêver. C’est exactement comme au cinéma ou en littérature adulte… Ce qui fait la différence c’est la manière de raconter. La forme prime, et c’est sûrement le plus compliqué, il faut du style, du swingue. Sinon on risque l’ennui. Et le bonus, c’est l’humour. Sourire, rire, on aime tous ça. Mieux, on a besoin de ça ! L’humour, c’est la valeur ajoutée, si ça fonctionne c’est gagné. J’aime les romanciers qui distillent l’humour sur fond de gravité.

La création et toi

- Devenir autrice, c’était un rêve d’enfant ?

Pas du tout ! Pendant ma période « Bibliothèque verte », je voulais être détective (comme Alice de ladite collection, mon héroïne préférée) et exploratrice (sans doute inspirée par mon père souvent absent, militaire dans la marine nationale). Toujours est-il que tout ça a doucement infusé avec le temps, l’écrit et l’image restant au centre de mes préoccupations. Le choix s’est fait par élimination, un coup de pouce de ma mère totalement étrangère aux métiers artistiques. Exit l’école d’art… donc ! J’ai choisi d’être journaliste. Pas du tout par défaut, ravie d’avoir à rédiger toute la journée. Dans le même temps, c’est à cette époque que j’ai assidument fréquenté un atelier de peinture le soir, menant toujours, finalement, ces deux activités de front. Bien plus tard, j’ai quitté la presse et mes deux fils sont arrivés. Il faut croire qu’ils m’ont inspirée, c’est entre deux biberons que j’ai pris la plume pour les enfants… Depuis je souris encore devant mon clavier… et puis aussi devant mon chevalet.

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- Pourrais-tu nous décrire ta journée type de travail ?

Un jour, une amie m’a dit « en fait, tu vis la nuit ». Sa remarque m’a surprise. Je lui expliquais que je me lève habituellement à trois heures du matin, environ, sans sonnerie programmée, sans mollesse dans les mollets et sans filets. En forme. C’est comme ça, depuis quelques années. Moi, je me considère comme matinale, pas comme noctambule. Donc, à pas de velours je descends. Je prépare une bassine de café. Je m’installe devant mon ordi. Je visite des sites d’éditeurs. D’artistes. De créateurs. Des blogs d’auteurs. J’écris. Je lis. Je prends des notes. Je relis. Je réécris. Jusqu’au lever du jour. Puis le programme écriture se poursuit entrecoupé de quelques petites tranches il faut bien dire fastidieuses, j’ai nommé l’intendance… Et puis selon la saison, il faut un minimum prodiguer quelques soins au jardin. Sans grogner, ça, j’aime bien. Bref. Selon les périodes, même si le chevalet côté atelier prend le pas sur le clavier (une expo à préparer), j’écris invariablement ne serait-ce qu’une ligne, c’est obligé. Et dans tous les cas, qu’il pleuve, qu’il vente, qu’il neige, mon chien vient me tirer par la manche. Comme il est savant, il me dit : « Bon allez, on y va. » Et là je sais qu’il est l’heure de notre balade en forêt. Le meilleur moment de la journée !

Un peu plus de toi

- Ce que tu aimes le plus

Les repas entre amis. Mes fils en visite (ils n’ont plus l’âge d’être encore à la maison). La lecture en transat. Le shopping en librairie. La glace en permanence. La marche en forêt. Et donc mon chien Paco, c’est lui le plus beau et le plus intelligent, vous le savez déjà. Il fait aussi des trucs de fou avec un ballon, Kilian M’Bappé pourrait bien le jalouser. 

- Ce que tu détestes par-dessus tout

L’administratif (une punition). Le rangement (un châtiment). Les chiffres (une galère). Et puis la chasse, à tirs, bien sûr, mais surtout à courre. J’habite en lisière d’une forêt où elle sévit. Je ne comprends pas pourquoi ce passe-temps d’un autre âge autorise des mecs en redingotes étriquées à mettre un bazar du diable dans les sous-bois, à éloigner les promeneurs, à effrayer et traquer les animaux qui finiront empaillés accrochés en trophée au-dessus de leur canapé. Ben voilà, ça y est, je suis énervée…

Et après ?

- Peux-tu nous parler de tes projets  ?

Achever un roman adulte déjà sur le feu depuis (trop) longtemps. Écrire encore un recueil de nouvelles (un a déjà été publié). J’affectionne tout particulièrement ce format court formidable mais boudé et je ne comprends d’ailleurs pas pourquoi dans cette époque où tout doit aller vite. Et puis écrire toujours et encore des albums, composer des tableaux, visiter des expos…  M’initier à la céramique, au modelage, à la sculpture, à la mosaïque, à la gravure, à la réalisation de court-métrage, à l’écriture de chansons, à l’animation d’ateliers d’écriture. M’organiser pour caser tout ça… Me lever un peu plus tôt. 

- Quel livre rêverais-tu d’écrire ?

Heu… achever ce fichu roman adulte déjà sur le feu depuis (trop) longtemps. Écrire encore un recueil de nouvelles. Et puis je rêve de voir éclore un jour une collection pour laquelle j’écrirais, quelque chose qui n’existe pas je crois, des albums illustrés pour adultes, pas de la bd, non, des albums à hauteur d’adulte, reprenant les codes des albums jeunesse. Je lance un appel aux éditeurs… je suis disponible, expérimentée, motivée, ponctuelle et réactive… J’espère que vous prendrez ma proposition en considération, j’attends votre retour, recevez mes salutations distinguées…

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